Beate
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Message: (p23317)
Posté le: 21. Juin 2005, 14:13
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Bonjour Sourire,
je pense moi aussi qu'il est important de dire la vérité, ouvertement et franchement, sans en rajouter, mais sans rien cacher non plus - la pire chose qui puisse exister dans une famille, ce sont les "non-dits", qui peuvent vraiment empoisonner les relations (surtout que les autres "sentent" toujours qu'il y a quelque chose de grave - et quand on le cache, ils imaginent souvent bien pire que la réalité !) En plus, tes enfants sont en âge de comprendre, et de faire la part des choses - même si ce devait être un cancer, ils comprendront que c'est (même si j'ai horreur de ce terme, souvent abusé !!) un "bon" cancer, c.à.d. un cancer peu aggressif qui se soigne bien et qui, du moment qu'on le prend à temps (et c'est presque toujours le cas maintenant, grâce au diagnostic très précoce), se guérit à pratiquement 100% ! Et s'ils ont des doûtes, tu pourras leur montrer le forum !
Il faudra que toute la famille apprenne un minimum sur la thyroïde, les hormones thyroïdiennes et leurs effets, ce que veut dire une "hypothyroïdie", par exemple, que le manque d'hormones rend fatiguée, triste, déprimée, sans la moindre énergie - mais que cet état est uniquement dû au manque d'hormones (notamment pendant la défreination pour la cure d'iode, si tu devrais en faire une), et s'arrangera ensuite, et que tout ce que la famille pourra faire, et devra faire, c'est D'ETRE LA, de comprendre et de soutenir, sans étouffer ni trop materner, juste être présents ...
J'ai eu deux cancers, ces 5 dernières années (thyroïde en 2000, carcinome du canal anal en 2003), et j'en ai toujours parlé très ouvertement autour de moi, autant au travail qu'à mes amis et à ma famille (mes filles ont actuellement 19, 18 et 16 ans). Bien sûr, au début, le mot "cancer" leur a fait terriblement peur (surtout qu'à cette époque, leur grand-mère était en train de mourir lentement d'un cancer généralisé) - mais je leur ai toujours dit que j'allais me battre et en guérir, d'ailleurs j'ai vraiment mis toute mon énergie dans cette bataille, et pour l'instant, cela a l'air d'avoir bien réussi (je suis en rémission pour les deux, et je me considère comme guérie (je touche du bois !)).
J'ai essayé de ne jamais faire de la maladie le sujet principal de nos préoccupations, il fallait que la vie quotidienne (école, devoirs, maison, amis ...) continue, mais bien sûr, mes filles ont dû participer d'avantage, cela les a certainement fait mûrir, et les a rendues très solidaires. J'ai toujours essayé d'expliquer les traitements etc avec des mots simples, pour qu'elles sachent pourquoi, pendant mes 3 étés en défreination, j'étais si fatiguée, que je n'avais parfois même pas l'énergie de me lever, ni celle de vraiment m'intéresser à elles, que ce n'était pas leur faute et que ça allait vite s'améliorer. Lors de la découverte du deuxième cancer (le premier été où je n'allais PAS avoir de défreination pour la thyroïde ...), j'ai profité d'une journée "portes ouvertes" au centre de lutte contre le cancer pour leur faire visiter les installations de radiothérapie, les scanners, les centres de calcul etc, afin de leur montrer avec quel arsenal technique (impressionnant) on allait me débarrasser de cette tumeur, et je me rappèle encore le commentaire d'une des gamines, en sortant de là : "tu vas guérir vite fait ! Et dans 30 ans, quand MOI, j'aurai mon cancer (sic!), cela aura ENCORE progressé, et on guérira ENCORE plus vite !" ...
Je pense que nous avons de la chance dans le malheur, celle d'avoir une maladie qui se soigne, relativement "facilement", et qui, dans 1 ou 2 ans, peut-être moins, quand les premiers traitements et contrôles auront été faits, que les résultats seront bons et que les hormones de substitution seront bien équilibrées, sera presque totalement "oubliée" (sauf bien sûr le petit cachet du matin, et la prise de sang de temps en temps) - la vie continue, et je la trouve même plus belle qu'avant, ayant pris conscience de beaucoup de choses (et ne me laissant plus enquiquiner par les détails sans importance) !
Bon courage et à bientôt !
Beate |
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