Remise en question sur le cancer thyroidien

[lalouve]

Bonsoir à toutes et à tous,

J'aimerai parler du cancer de la thyroide avec vous et connaître vos avis sur le sujet.

Je vais tout d'abord vous raconter mon histoire : j'ai été traité pour ce cancer (opéré en octobre 2014 avec curage ganglionnaire, cure d'iode 131 en février 2015, test sous thyrogen en janvier 2016) - pour le moment tout va bien. Pour info j'avais un très gros nodule de plus de 3 cm, classé bethesda VI.

Mes résultats sont bons, échographie sans adénopathie, T3 et T4 bonnes et TSH indétectable.

Je me pose beaucoup de questions depuis que j'ai eu ce cancer, et de tempérament curieuse, j'ai voulu en savoir un peu plus sur l'origine de cette maladie.

J'ai donc parcouru le net, pas bien vous allez me dire lol je sais que ce n'est pas la meilleure chose car on trouve de tout et n'importe quoi sur internet, mais j'ai pris connaissance de certains articles sur plusieurs sites (un site d'un médecin qui se nomme Luc Périno, le site de la fondation contre le cancer et un autre site sur la radioactivité) qui mériteraient de s'y intéresser un peu plus.

A la base, je recherchai le nombre de personnes atteint en France (simplement des chiffres quoi) et l'origine de ce cancer, où on a beaucoup entendu parlé des retombés radioactives de Tchernobyl... Ce qui serait apparemment difficile à juger car les taux de radioactivité en France n'ont jamais égalés ceux des pays proches du réacteur, car ces taux sont très faibles.

Par contre, il est dit que si le nombre d'opérés et de patients traités à augmenter c'est parce qu'aujourd'hui nous avons réalisé un très grand progrès en imagerie médicale et que les techniques utilisés permettent de dépister de petites tumeurs qui n'étaient pas détectable autrefois, et que même sans que ces tumeurs soient traitées, elles n'auraient pas provoqués de symptômes ou problèmes car elles évoluent très lentement.

De plus, voici ce qui est écrit dans l'article que j'ai vu sur le site de la fondation contre le cancer :

Des autopsies ont en effet montré la présence de telles petites tumeurs de la thyroïde chez des personnes décédées d’une autre cause et qui n’avaient jamais eu de problème thyroïdien. Par ailleurs, au cours de la même période, la mortalité par cancer de la thyroïde n’a pas augmenté. Notons également que près de 80 % des cancers de la thyroïde sont de petites tumeurs qui évoluent lentement et pour lesquelles on peut se contenter d’une surveillance régulière.

J'ai également vu sur le site du médecin Luc Périno, qui dit la même chose que sur le site de la fondation :

Depuis une quarantaine d’années, on assiste à une véritable « épidémie » de cancers de la thyroïde. On a d’abord accusé Tchernobyl, avant de s’apercevoir que les accidents nucléaires ont surtout une incidence sur la glande des enfants, avec un excellent pronostic.

Puis constatant un nombre de cancers triplé ou quadruplé, voire multiplié par quinze dans certains pays vierges de radioactivité, on s’est aperçu qu’il s’agissait d’une épidémie de diagnostics. La puissance actuelle des techniques d’imagerie permet de détecter le moindre nodule millimétrique, bénin dans 80% des cas.

Mais ce qui me choque le plus c'est ce qu'il dit à la suite de ce paragraphe :


Quant aux vrais cancers, ils n’évoluent presque pas, voire régressent naturellement.

C'est un poisson d'avril avant l'heure ?

Du coup, je ne sais plus quoi penser... Est-ce qu'on assiste réellement à une épidémie de sur-diagnostic ce qui conduirait des patients à se faire opérer et traiter inutilement ?

Ce serait également le cas pour d'autres cancers, ils parlent sur le site de la fondation, d'une remise en question du dépistage par mammographie pour le cancer du sein, dans certains milieux scientifiques :

Autres cancers, même situation
Le problème de surdiagnostic et de surtraitement se pose aussi pour d’autres types de cancers tels ceux de la prostate, voire même peut-être des cancers du sein. Les autopsies montrent en effet très fréquemment la présence de petites tumeurs cancéreuses dans la prostate chez des hommes décédés d’une toute autre cause (par ex. un infarctus, un AVC…). C’est pourquoi un dépistage systématique du cancer de la prostate n’est pas recommandé. Il pourrait en effet conduire à des traitements finalement inutiles, mais risquant d’induire des complications invalidantes ou altérant la qualité de vie des personnes (incontinence, impuissance...). Dans le cas du cancer du sein, la situation est moins claire, mais il faut savoir que la recommandation selon laquelle les femmes entre 50 et 69 ans doivent procéder tous les deux ans à un dépistage par mammographie est aujourd’hui remise en question dans certains milieux scientifiques.


Je vous donne les sources de ces articles :

http://lucperino.com/441/lache-moi-la-thyroide.html

http://www.cancer.be/nouvelles/canc.....ostic-et-au-surtraitement

http://www.laradioactivite.com/site/pages/CancersThyroides.htm

Je me permets de lancer le débat sur ce site car en parler avec des médecins est sujet délicat... Pour en avoir eu l'expérience une fois, toute remise en question de la médecine moderne est vu pour certains comme une "tare" excusez moi de l'expression mais c'est mon impression personnelle.

Bonne soirée !

[Beate]

Bonjour,

nous avons récemment beaucoup discuté de cet article - mais je crois que c'était surtout dans le groupe Facebook de Vivre sans Thyroïde.

Sur la page où se trouve l'article de Luc Périno, "Lâche-moi la thyroïde" :
http://lucperino.com/441/lache-moi-la-thyroide.html

si tu vas dans "réagir à cet article", parmi d'autres commentaires, tu trouveras aussi un long commentaire de moi - je me devais de réagir, car s'il est vrai qu'on "surdiagnostique" sans doute un peu trop de nodules, et même de petits cancers qui n'auraient vraisemblablement jamais faire parler d'eux (il existe notamment une étude japonaise, du Dr Ito, qui a proposé aux patients qui avaient des microcarcinomes prouvés par cytoponction, de ne pas les opérer, mais juste les surveiller, et de n'opérer que si le nodule grossissait - 15 ans après, un grand nombre de ces patients ont toujours leur nodule et il n'a absolument pas bougé ...), il est également vrai que certains cancers de la thyroïde sont plus agressifs - et que l'important est surtout d'arriver à faire la différence entre les deux ... pour moins opérer, mais opérer chaque fois qu'il le faut !

En effet, c'est une discussion qui est également en cours sur les cancers p.ex. du sein et de la prostate, et nous en avons déjà souvent parlé sur le forum, notamment ici :

ARTICLES : Les cancers de la thyroide 'surdiagnostiqués' ?

[lalouve]

Bonjour Béate,

Merci de votre réponse. C'est vrai que l'article du Dr Luc Périno est un peu "alarmiste" et j'ai bien fais de venir en parler sur le forum car je n'avais jamais eu connaissance de vos discussions antérieures sur le sujet.

Il est quand même important de parler de ce sur-diagnostic, et je dis bien "SUR-diagnostic", de façon à ce que les personnes concernées prennent le temps de faire le bon choix.

Je regrette sincèrement de ne pas avoir pris connaissance de ce sujet beaucoup plus tôt, je me dis maintenant : Si je ne m'étais pas faite opérer, peut être que mon nodule aurait régressé... Cela a été très dur pour moi d'accepter cette maladie. Je m'en remets tout juste après 1 an et demi. Même si aujourd'hui les résultats sont bons et même si mon dosage aussi, sur le plan physique et psychique rien n'est plus comme avant (perte de cheveux, prise de poids, fatigue, troubles de l'humeur...)

Bref, merci beaucoup en tout cas pour tout ce que vous faites.

A bientôt